« Je sais que le virus peut tuer, mais si je reste quinze jours à la maison sans travailler, je meurs aussi » et « je n’ai pas les moyens de faire des économies pour acheter des provisions »

Propos d’un vendeur d’Antananarivo, père de trois enfants, lu sur le site d’information de la RTBF

Cette phrase doit nous aider à regarder notre confinement autrement. La crise sanitaire que nous vivons révèle aussi les inégalités vécues entre les humains.

Sachons aussi reconnaître que la société solidaire que nos parents et nos grands-parents ont construite est une richesse que nous ne pouvons pas galvauder. La solidarité est si souvent décriée au nom de la liberté individuelle. Nous entendons trop souvent un discours politique qui affirme que les riches le sont parce qu’ils sont courageux travailleurs et méritants et que les pauvres le sont parce qu’ils ont paresseux, incapables. Les riches doivent choisir à qui ils veulent donner leur argent et les pauvres doivent se contenter de ce qu’on veut bien leur donner ou retrousser leurs manches.

Ce discours simpliste passe très bien. Il rapporte des voix, il est efficace. Mais il ne respecte en rien l’être humain. Oserait-on dire cela à notre vendeur d’Antanarivo ?

Cette phrase rejoint une autre anecdote qui se passe aussi à Madagascar. Un prêtre et une religieuse voyagent ensemble d’une paroisse à une autre lorsqu’ils voient une maman donner de l’eau de la rivière à boire à son bébé. La religieuse s’approche et dit : tu ne dois pas donner à boire de l’eau de la rivière, il y a la maladie dedans. Et la maman de répondre, si mon enfant a la maladie, combien de temps pourrait-il vivre ? Quelques semaines, répond la religieuse. Et si je ne lui donne pas à boire, combien de temps vivra-t-il.

Pensons y lorsque nous faisons nos provisions…