Si l’on exprime les meilleurs vœux, on entend fréquemment l’ajout : « et surtout la santé ». Pendant la crise du coronavirus, nous comprenons de nouveau d’être des créatures fragiles, que la santé n’est pas si évidente.

Et pourtant – le slogan « et surtout la santé » a son côté de l’ombre. Figurons-nous les personnes qui travaillent dans la situation actuelle à l’hôpital, au supermarché, les prêtres qui accompagnent les moribonds, en bref tous ceux qui interviennent en faveur des malades. Est-ce que nous oserions leur dire avec légèreté « et surtout la santé » ?

Ces personnes qui s’engagent héroïquement, elles vont nous répondre : « C’est tout bien, mais la santé de qui ? Celle des malades, ou la mienne ? » Si l’on a pris les précautions raisonnables, il est aussi judicieux de prendre un risque limité, autrement les malades resteront sans traitement, avec plus de morts encore, la population restera sans nourriture, les moribonds sans la consolation des sacrements qui les préparent pour l’éternité.

Les moribonds vont nous répondre : « Tu veux te moquer de moi ? La santé pour qui peut guérir, et l’écartement pour nous moribonds ? C’est ça, ta proposition ? » Il y a de plus que la santé, que nous souhaitions surtout la sainteté. La personne sainte aime Dieu et le prochain jusqu’au sacrifice, elle s’engage pour Dieu et le prochain sur un horizon de vie qui inclut l’éternité. Elle a en Dieu son appui et ne finira jamais confondue. Jésus aussi, il connaissait les risques de son ministère, et ne s’est pas caché tout au long de sa vie. Il était bien conscient de la résurrection, qui peut vaincre la souffrance et la mort.

Il n’est pas une folie de choisir l’amour de Jésus pour le vivre. Cet amour n’est pas irréfléchi, il prend les précautions selon une sage prévoyance, et se lance selon la gravité et l’urgence des cas. Qui n’a pas de valeurs pour lesquelles il vaut la peine de mourir, n’a pas de valeurs pour lesquelles il vaut la peine de vivre. La vraie vie, elle est ici sur terre et là au ciel.

Mes meilleurs vœux, et surtout la sainteté.

P. Martin