L’Évangile des disciples d’Emmaüs nous rappelle notre condition humaine de marcheurs. Nous sommes des nomades sur cette terre. La vie est cette marche à inventer chaque jour. Encore faut-il que nous sachions où nous allons. Les disciples ont quitté Jérusalem et ils s’en vont sans but précis. Toutes leurs certitudes, tous leurs espoirs sont évanouis, ils sont perdus sur le chemin.

En ce sens ils ressemblent à notre humanité remise en question actuellement. Cette remise en question est fondamentale. Les crises que nous vivons se vivent sur fond de crise écologique. La mondialisation, le libéralisme avec ses excès inégalitaires, l’individualisme exacerbé sont révélés avec acuité à travers la crise du coronavirus.

Nous sommes en crise comme les disciples d’Emmaüs, tout perdus sur le chemin. Nous croyons que le Christ nous rejoint et, aujourd’hui encore, il nous donne sa Parole. Nous sommes invités à nous tourner vers cette Parole à la scruter comme un trésor qui peut nous guider dans les choix que nous faisons.

Au terme de la rencontre, les disciples sont remis devant un choix, continuer leur errance, ou rejoindre les disciples à Jérusalem pour continuer le chemin de communion, de fraternité, entamé par le Christ. Continuer malgré la disparition du ressuscité.

Aujourd’hui, notre monde est invité à vivre cette solidarité. Dans la Libre Belgique de ce samedi, J’ai lu un article intitulé : « Le manque de solidarité pourrait détruire l’Europe ». Dans cet article, Paul De Grauwe, un économiste fait remarque que « le manque de solidarité est terrifiant en Europe et il se retournera contre elle. Dans certains pays comme l’Italie, où l’euroscepticisme est devenu très très fort, il se pourrait qu’on replonge dans une crise de la dette. C’est un scénario qui est devenu de l’ordre du possible. Il y a beaucoup d’incertitudes mais des mécanismes politiques sont en train de se développer, qui pourraient déboucher sur une crise après la crise. En Italie, mais aussi en Espagne, il y a la perception que l’Union européenne ne représente rien du tout puisque les autres pays ne veulent pas les aider. Ce manque de solidarité, cette absence de volonté d’aider les pays les plus vulnérables pourrait entraîner une catastrophe. L’Europe risque de se défaire. » et plus loin d’ajouter : « Dans certains pays européens, au lieu de la solidarité européenne, on a tourné un tout autre bouton qui est celui de la moralisation. Les Néerlandais expliquent qu’ils ont été vertueux, alors que les Italiens ne le sont pas, et estiment donc que ces derniers doivent être punis. Cette attitude-là est une attitude protestante. On la retrouve aussi en Allemagne. Si on continue dans cette direction, cela va détruire l’Europe. »

Ces passages illustrent pour moi la question essentielle, continuerons-nous à vivre un monde de compétition, source d’inégalités, de mépris pour le plus faible, de destruction de la création et donc de l’homme, ou reprendrons-nous le chemin de la solidarité, de la communion. Nous savons le chemin que le Christ a pris. Aujourd’hui, il disparaît à nos yeux pour nous laisser la liberté. Dans le Deutéronome, au chapitre 30, verset 19, nous pouvons lire : « j’ai mis devant toi la vie et la mort, la bénédiction et la malédiction. Choisis : la vie afin que tu vives. » et le livre des Psaumes commence par « Heureux est l’homme qui n’entre pas au conseil des méchants, qui ne suit pas le chemin des pécheurs, ne siège pas avec ceux qui ricanent, mais se plaît dans la loi du Seigneur et murmure sa loi jour et nuit !

Il est comme un arbre planté près d’un ruisseau, qui donne du fruit en son temps, et jamais son feuillage ne meurt ; tout ce qu’il entreprend réussira, tel n’est pas le sort des méchants. Mais ils sont comme la paille balayée par le vent : au jugement, les méchants ne se lèveront pas, ni les pécheurs au rassemblement des justes. Le Seigneur connaît le chemin des justes, mais le chemin des méchants se perdra. »

A méditer…

Bon dimanche

Xavier Nys