Le titre même de l’encyclique nous provoque.

La fraternité universelle n’est-elle pas une expression de la communion pour laquelle Jésus a donné sa vie ? « Que tous soient UN. »

Nous le savons, cette communion, synonyme du Royaume, est à construire dans nos vies. Elle répond à une aspiration profonde de l’humanité. La Déclaration Universelle des Droits Humains l’exprime clairement dans son premier article : « tous les êtres humains naissent libres et égaux en dignité et en droit. Ils sont doués de raison et de conscience et doivent agir les uns envers les autres dans un esprit de fraternité. »

Le pape François constate qu’aujourd’hui cette fraternité est mise en danger par un repli sur soi. Ainsi « la ferme conviction des Pères fondateurs de l’Union européenne qui ont souhaité un avenir fondé sur la capacité de travailler ensemble afin de dépasser les divisions, et favoriser la paix et la communion entre tous les peuples du continent » (FT 10) est remise en question.

En effet, nous voyons renaître des replis sur soi, des intégrismes et nationalismes de toutes sortes qui se construisent sur la peur de l’autre, sur le chacun pour soi et sur le désir de séparer les hommes en catégories « pures » fondées sur des idéologies qui divisent et détournent le citoyen des vraies questions.

Posons-nous la question de savoir à qui profite le crime. Nous découvrirons vite que cette situation est du pain béni pour le monde économique et financier. Un monde qui est mondialisé dont le seul intérêt est d’avoir face à lui des consommateurs dociles. Dans ce monde, il y ceux qui s’en sortent et ceux qui en sont exclus. Tant mieux pour les uns et tant pis pour les autres.

La seule réponse efficace demeure une éducation à l’esprit critique et à la culture. Or, nous constatons aujourd’hui que ces secteurs ne sont pas intéressants si on les considère d’un point de vue uniquement économique à court terme.

Notre foi nous invite à oser un autre regard : celui de la communion entre les hommes, celui qui va au-delà du profit à court terme et de la vision d’un monde où l’économie est l’idéologie dominante. Ce combat n’est pas neuf, il traverse toute la Bible. Il commence par la libération de l’esclavage en Égypte. Un système économique qui exploite des hommes et des femmes dans le monde de la santé, dans celui du commerce et du service à la population n’entretient-il pas une autre forme d’esclavage aujourd’hui ?

C’est également tout le combat des prophètes qui dénoncent les abus économiques de leur temps et invitent à construire un monde fondé sur des valeurs plus humaines.

N’est-ce pas cela aussi le Royaume de Dieu ?

Bonne journée

Xavier Nys

Curé