Continuons notre réflexion à propos de la manière de considérer nos relations interpersonnelles.
La réflexion biblique se développe petit à petit au long de l’histoire. Au départ, l’amour du prochain concernait la famille et les concitoyens. Peu à peu cette idée d’amour s’est ouverte aux autres avec la foi en un Dieu unique et miséricordieux pour tous.
En Tobie 4, 15, nous trouvons le précepte « Ne fais à personne ce que tu détestes, et que cela n’entre dans ton cœur aucun jour de ta vie. » que Matthieu traduit de façon positive : « Donc, tout ce que vous voudriez que les autres fassent pour vous, faites-le pour eux, vous aussi : voilà ce que disent la Loi et les Prophètes. » Mt 7,12
Ce précepte d’amour s’ouvre à tous et non à quelques-uns. Comme le rappelle Saint Paul en 1 Th 3,12 : « Que le Seigneur vous donne, entre vous et à l’égard de tous les hommes, un amour de plus en plus intense et débordant ».
C’est aussi à cet amour ouvert à tous qu’invite la parabole du Samaritain qui abandonne tous ses projets, s’arrête et donne de son temps.
La parabole nous invite à nous poser la question : à qui t’identifies-tu ?
Elle indique des tentations qui nous guettent tous, celle de regarder ailleurs, de ne pas vouloir voir, d’ignorer les situations de fragilité tant qu’elles ne nous touchent pas.
Nous connaissons tous des récits de situations dans lesquelles personne ne réagit face à une agression dans la rue, ou de délits de fuite suite à un accident qui fait des blessés voire des morts. Je cite ici les n°65 et 66 de Fratelli Tutti :
« L’unique chose qui leur importe, c’est d’éviter des problèmes ; ils se soucient peu de ce qu’un être humain meure par leur faute. Mais ce sont des signes d’un mode de vie répandu qui se manifeste de diverses manières, peut-être plus subtiles. De plus, comme nous sommes tous fort obnubilés par nos propres besoins, voir quelqu’un souffrir nous dérange, nous perturbe, parce que nous ne voulons pas perdre notre temps à régler les problèmes d’autrui. Ce sont les symptômes d’une société qui est malade, parce qu’elle cherche à se construire en tournant le dos à la souffrance ».
« Mieux vaut ne pas tomber dans cette misère. Regardons le modèle du bon Samaritain. C’est un texte qui nous invite à raviver notre vocation de citoyens de nos pays respectifs et du monde entier, bâtisseurs d’un nouveau lien social. C’est un appel toujours nouveau, même s’il se présente comme la loi fondamentale de notre être : que la société poursuive la promotion du bien commun et, à partir de cet objectif, reconstruise inlassablement son ordonnancement politique et social, son réseau de relations, son projet humain. Par ses gestes, le bon Samaritain a montré que « notre existence à tous est profondément liée à celle des autres : la vie n’est pas un temps qui s’écoule, mais un temps de rencontre ».
La parabole du Samaritain nous invite à une attitude de compassion : seule attitude qui ouvre à un avenir en société.
Cette attitude se vit dans des situations concrètes. Nous pouvons tous tomber dans la haine, comme les brigands ou dans l’indifférence comme ceux qui passent sans voir. Le Christ a vécu cette attention à ceux qui vivent « en marge » à ceux qui sont « marginalisés », il s’intéresse à eux, il les ouvre à une relation qui les réintègre au sein de l’humanité.
Nous vivons tous des situations semblables dans nos vies. Face à ces situations, il n’y a plus ni l’homme ni la femme, ni l’esclave ni l’homme libre, ni celui qui appartient à telle ou telle religion ou courant de pensée, il y a l’être humain qui se laisse toucher ou qui demeure indifférent. Je cite Fratelli Tutti au n°70 « il y a simplement deux types de personnes : celles qui prennent en charge la douleur et celles qui passent outre ; celles qui se penchent en reconnaissant l’homme à terre et celles qui détournent le regard et accélèrent le pas. En effet, nos multiples masques, nos étiquettes et nos accoutrements tombent : c’est l’heure de vérité ! Allons-nous nous pencher pour toucher et soigner les blessures des autres ? Allons-nous nous pencher pour nous porter les uns les autres sur les épaules ? C’est le défi actuel dont nous ne devons pas avoir peur. En période de crise, le choix devient pressant : nous pourrions dire que dans une telle situation, toute personne qui n’est pas un brigand ou qui ne passe pas outre, ou bien elle est blessée ou bien elle charge un blessé sur ses épaules ».
A méditer.
Bonne journée.
Xavier Nys
Curé