Construire nos relations sur d’autres bases

La parabole du Samaritain nous propose un autre regard sur notre humanité, un regard de compassion, de tendresse, d’amour ; un regard qui ne juge pas, ne condamne pas, ne catégorise pas. Un regard qui nous pousse à agir afin de relever celui qui est tombé. Un regard qui n’est pas évident dans le monde d’aujourd’hui, tant il est construit sur la compétition et l’élimination de l’adversaire. A noter que cela n’est pas neuf, il y a deux mille ans, le Christ a été tué car il était vu comme un concurrent par les pouvoirs politiques et religieux de l’époque. C’était lui ou nous. Le combat de l’amour est du tous les temps, il n’est jamais fini ; il est à inventer au jour le jour.

Le pape nous invite à regarder ensuite les personnages de la parabole.

Commençons par les brigands qu’on ne fait que mentionner. Ce que ne signifie pas qu’il faille les ignorer. Cependant, l’urgence est ailleurs : il s’agit d’être attentif au blessé sur le bord de la route. Il va de soi qu’il faudra se tourner un jour vers les brigands qui ont laissé l’homme pour mort. D’autant plus que dans notre monde, nos sociétés occidentales « civilisées » ont une grande responsabilité dans l’exclusion d’une partie de l’humanité. Nous avons phagocyté les richesses à notre profit. Quand nous pensons qu’il faudrait entre 2 et 3 planètes pour permettre à tout le monde devait bénéficier du niveau de vie des européens. Nous ne pourrons faire fi de cette réflexion. Cependant, cela ne nous exempte pas de nous tourner vers le blessé, celui qui est laissé au bord du chemin.

Ensuite viennent les « indifférents » ceux qui ne voient pas ou ne veulent pas voir. Ceux qui se font complices des brigands. Je ne veux pas voir, j’ai déjà assez de soucis comme cela, j’ai autre chose à faire.

Le pape François attire l’attention sur un point : les deux personnages qui passent outre sont des personnes religieuses. Des personnes qui, de bonne foi, croyaient œuvrer au service de Dieu mais qui, de fait passent à côté de Dieu. Cela me fait penser à Paul qui, au nom de sa foi et de son amour de Dieu, persécutait les chrétiens jusqu’au jour où il s’entend dire : « Pourquoi me persécutes-tu ? » et qui comprend que Dieu est présent dans ceux qu’il persécute. Nous le croyons, Dieu est présent en tout homme. C’est Mathieu qui nous le fait comprendre au chapitre 25 : « chaque fois que vous l’avez fait à l’un de ces plus petits de mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait ». Il y a là un défi à relever pour le chrétien. Le pape François cite, en ce sens, un extrait très explicite de Jean Chrysostome qui illustre cette réalité : « Veux-tu honorer le Corps du Christ ? Ne commence pas par le mépriser quand il est nu. Ne l’honore pas ici [à l’église] avec des étoffes de soie, pour le négliger dehors où il souffre du froid et de la nudité ». (Homiliae in Matthaeum, 50, 3 : PG 58, col. 508).

Le texte de la parabole nous invite vraiment à réfléchir à notre façon de construire nos relations entre nous.

Bonne journée

Xavier Nys

Curé