Nous nous joignons au Pape François pour souhaiter un bon anniversaire à Entraide et Fraternité. (Vous trouverez ce message sur notre site www.athbonberger.be)
Depuis soixante ans, Entraide et Fraternité nous accompagne pour nous aider à nous ouvrir à la réalité de ce qu’on appelait alors le « tiers-monde ». Ces pays en développement que nous critiquons souvent.
Nous oublions cependant que les pays occidentaux se sont bien servis au passage. Nous préférons oublier cette part obscure de la colonisation.
Entraide et Fraternité nous invite à réfléchir à cette réalité. Ces pays ont contracté des dettes envers nous. Ils doivent rembourser les emprunts. Mais n’avons-nous pas une dette plus grande envers eux.
En 2015, pour chaque euro perçu par les pays du Sud du monde, 2 euros étaient versés aux pays du Nord.
Je vous invite à lire cet article de Jean-François Pollet trouvé sur le site du CNCD
A l’échelle mondiale, l’argent du développement se déplace des pays pauvres vers les pays riches, dans une proportion qui va du simple au double. En un mot, le Sud enrichit le Nord. Ce constat détonant est dressé par Eurodad, un réseau d’ONG européennes qui dénonce le poids de la dette et les déséquilibres financiers qui écrasent les pays du Sud.
Un euro donné, deux euros reçus. Voilà l’équation Nord-Sud d’aujourd’hui. Avec un rapport de un à deux entre les flux financiers qui entrent et ceux qui sortent des pays en développement.
Aujourd’hui, l’aide publique au développement, les transferts des migrants et les investissements privés vont vers les pays du Sud. Cette manne financière favorise l’activité et génère des revenus. Que deviennent ensuite ces revenus ? Ils repartent vers le Nord. Au final, le développement du Sud enrichit donc surtout les pays industrialisés. « Cette situation est particulièrement choquante, s’indigne Jesse Griffiths, directeur d’Eurodad. Des fonds qui auraient dû être en principe investis dans le développement du Sud sont en réalité rapatriés vers les riches pays du Nord. »
En 2012, 1 078 milliards de dollars (954 milliards d’euros) sont entrés dans les pays en développement. chaque euro entrant est composé de 3 centimes d’aide militaire, politique ou financière d’État à État (« Autres flux »), 3 centimes de dons d’ONG et de fondations, 6 centimes d’achats d’actions et participations dans des entreprises, 10 centimes d’aide au développement, 34 centimes d’envois d’argent par les migrants et 44 centimes d’investissements directs.
Toujours en 2012, 2 242 milliards de dollars (1 984 milliards d’euros) ont pris le chemin inverse. C’est le double des flux entrants : pour un 1 euro qui entre, il en sort 2,08. Voici la composition de ces 2,08 euros : 14 centimes de payement d’intérêts sur la dette, 42 centimes de versements de dividendes et profits, qui sont le corollaire des investissements, 59 centimes d’achats de dettes du Nord, le plus souvent des titres nord-américains, et 93 centimes d’évasion fiscale, blanchiment d’argent et trafics en tous genres.
« On sait depuis longtemps que les politiques fiscales avantageuses pour les multinationales, l’existence de paradis fiscaux, de contrebande, de détournements de fonds touchent très fortement les pays en développement. Et, a contrario, avantage le Nord, car c’est là que se trouvent les banques et le siège de beaucoup de multinationales. La coopération doit prioritairement lutter contre l’évasion fiscale et permettre aux pays du Sud de profiter de leurs ressources domestiques, notamment leurs ressources minérales », dénonce Rachel De Plaen, chargée de recherche au CNCD-11.11.11.
Avec des flux aussi désavantageux, le Sud est contraint de s’endetter. Toujours en 2012, les pouvoirs publics et les acteurs privés ont contracté une créance de 425 milliards de dollars. La dette du Sud, acteurs publics et privés confondus, n’a jamais été aussi élevée : 4 800 milliards de dollars (4 248 milliards d’euros). Les pays très pauvres en particulier sont pris dans une spirale dont ils ne pourront sortir seuls, leur dette publique augmente chaque année de 1,3 % à 2 % de leur PIB. « L’ONU, conclut Jesse Griffiths, a promis de créer un mécanisme de résolution juste et rapide des crises de la dette à la fin de cette année : il est temps de tenir cette promesse. »
Que pouvons-nous faire ?
Cette année, nous pouvons agir en signant la pétition dans le cadre de la campagne pour l’annulation de la dette menée par Entraide et Fraternité.
C’est pourquoi Entraide et Fraternité mène une campagne pour l’annulation de la dette des pays du Sud, pour instaurer plus de justice et permettre aux citoyens et citoyennes de ces pays de faire respecter leurs droits, à commencer par le droit à l’alimentation et à la souveraineté alimentaire. Le pape François appelait dès le début de la pandémie à soulager les pays pauvres d’une dette qui entrave l’accès des populations aux droits humains. Plus d’un demi-milliard de personnes pourraient basculer dans la pauvreté des suites de la crise du coronavirus. Face à cette situation insoutenable, les États ont un rôle essentiel à jouer pour protéger les populations, notamment en soutenant l’agriculture paysanne et en renforçant les services publics et la protection sociale. Or, ces mesures vitales apparaissent aujourd’hui, encore plus qu’hier, incompatibles avec le paiement de la dette dont le poids s’est encore alourdi avec la nouvelle crise. Signez en ligne sur www.entraide.be
Si la pétition reçoit 25 000 signatures (14.500 en Flandres, 2 500 à Bruxelles et 8000 en Wallonie) le pétitionnaire peut être entendu à la commission parlementaire de la chambre compétente. Aujourd’hui, alors que des décisions liberticides sont prise sous le couvert de la lutte contre la pandémie ou contre le terrorisme, sachons utiliser les droits démocratiques que nous avons.
Par notre baptême, nous sommes prophètes et nous avons un devoir d’interpellation.
Sachons l’utiliser à bon escient.
Xavier NYS, Curé des paroisses de l’UP Bon Berger Ath