Lequel d’entre nous ne s’est-il pas un jour laissé émouvoir par la sonnerie de l’Angélus, cette cloche qui sonne dans certaines églises matin, midi et soir.
Il me vient parfois à penser à l’effet à la fois charmant et impressionnant du son simultané de toutes les cloches d’une grande ville chrétienne où les églises, la cathédrale et les couvents, sonnaient l’Angélus au même moment.
Certains attribuent la tradition de l’Angélus à Saint François d’Assise. Revenant d’un pays musulman, il aurait pensé à une sonnerie pour honorer le mystère de l’incarnation. D’autres disent que la tradition de l’Angélus est d’origine plus récente. Quoi qui l’en soit c’est une belle prière à redécouvrir à l’approche de la fête de l’annonciation et de Pâques.
La volée de la cloche de l’Angélus est précédée de trois coups de cloches réitérés à trois reprises.
Quand la cloche sonne les trois premiers coups, la parole suivante est prononcée : L’ange du Seigneur apporta l’annonce à Marie et elle conçut du Saint Esprit. On prie alors un Ave.
Les trois coups sur la cloche me font penser à Dieu qui frappe à la porte de notre cœur comme l’ami de passage qui frappe à la porte ou à la fenêtre afin d’entrer.
Dieu a l’initiative, il demande à l’humanité d’être accueilli. Ce mystère de la proximité de Dieu est bouleversant.
Quand la cloche répète trois coups, on dit : Voici la servante du Seigneur, Qu’il me soit fait selon ta parole. On prie un second Ave.
Ces trois autres coups de cloche me donnent à penser à la réponse de la Vierge à l’appel de Dieu.
Cette foi- ci Marie frappe à la porte du cœur de Dieu en l’invitant à entrer.
Quand sonnent les trois autres tintements on dit : Et le verbe s’est fait chair et il a habité parmi nous et on prie un troisième Ave.
Cette fois la merveilleuse annonce s’accomplit : Dieu fait son entrée dans le monde en s’avançant humblement pour faire sa demeure au milieu de nous.
La cloche va pouvoir sonner à la volée pour redire ce profond mystère de notre foi. Nous ne sommes pas seul, mais rejoint par la présence miséricordieuse et aimante de Jésus.
La prière de l’Angélus se conclut ainsi : Que ta grâce, Seigneur se répande en nos âmes afin qu’ayant connu par le message de l’ange, l’incarnation de ton Fils Jésus Christ nous parvenions par sa passion et par sa croix jusqu’à la gloire de la résurrection par le Christ Jésus Notre Seigneur. Amen.
La prière de l’Angélus mérite note attention, elle est belle et sobre, elle nous fait participer à l’adhésion de la Sainte Vierge, elle attire sur nous la grâce du mystère de l’incarnation. Elle peut être l’occasion d’un accroissement de foi.
Au XVII -ème siècle Philippe de Champaigne, un peintre d’origine brabançonne a réalisé ce tableau, probablement pour une église de la région parisienne.
Observons la Vierge et l’ange dans un face à face plein de beauté et de grâce. La présence de Gabriel est si réelle que l’ombre de son bras se reflète sur le dallage de la pièce.
La Vierge ayant laissé de côté son ouvrage s’incline en silence ce qui me fait penser à ces paroles du cardinal de Bérulle : « le partage de la Vierge est d’être en silence. C’est son état, c’est sa voie, c’est sa vie. Sa vie est une vie de silence qui adore la parole éternelle »
En observant la Vierge sur le tableau la beauté de son visage nous fait percevoir la densité d’un recueillement et d’une intériorité admirable ce qui peut vraiment nous faire dire de Marie qu’elle est comblée de grâces.
Abbé Lamotte