GIBECQ : L’EGLISE St-PIERRE        ET SES CLOCHES

 

Préambule : petit rappel de l’utilité des cloches à travers l’histoire.

Les cloches ont joué un rôle important dans la vie des communautés à travers les époques. Outre le rôle qu’on leur connaît couramment, consistant à appeler les fidèles à la prière (dont l’angelus), célébrer des événements religieux, annoncer le décès et l’accompagnement par la communauté d’un de ses membres (la sonnerie du glas, qui peut être conçue symboliquement comme un « chant de marche » vers la vie éternelle, a été introduite par l’Église dès le VIème siècle), les heures du jour (les sonneries horaires ont été rendues obligatoires lors du Concile de 801 d’Aix-la-Chapelle), elles ont aussi eu jadis un usage plus profane et ont servi à rythmer la vie des paysans dans les champs (temps de pause pour s’alimenter et s’abreuver), à avertir la population des dangers (d’où l’expression « sonner le tocsin », c’est-à-dire sonner l’alerte) tels que les incendies (la sonnerie des cloches avertissait les citoyens qu’un incendie s’était déclaré et que leur aide était requise afin d’apporter l’eau devant permettre l’extinction de l’incendie), les formations d’orages ou d’inondations, l’approche des troupes ennemies, ou encore, et les citoyens toujours en vie et qui ont connu la guerre s’en souviennent, célébrer la victoire contre l’envahisseur (avec mise en volée de l’ensemble des cloches, dans un esprit de fête). Dans les villes, on sonnait également pour annoncer l’ouverture et la fermeture des portes de la ville (ville fortifiée), le début et la fin du marché, l’exécution d’un condamné à mort.

De manière plus pittoresque, dans certaines villes bretonnes, les cloches municipales sonnaient l’heure de fermeture des cabarets et cette sorte de couvre-feu était destiné à ceux qui, ayant fait une visite un peu trop prolongée au cabaretier, risquaient de se voir dresser procès-verbal pour ivresse, par les gendarmes ou le garde-champêtre !

Les cloches de l’église de Gibecq.

Les gibecquois, et les personnes qui viennent à Gibecq, connaissent bien la sonorité des cloches de l’église. Par contre, peu de gens ont déjà eu l’occasion de les observer. Afin de satisfaire votre curiosité, on vous les fait découvrir à travers cet article.

À Gibecq, le clocher comprend 2 cloches, une petite et une grande (les grandes cathédrales peuvent contenir de 10 à 20 cloches avec des sons divers pour différentes fonctions d’annonces). En voici la photo :

Les cloches sont actionnées (« mises en volée ») au moyen d’un système électrifié et la mise à l’heure est radio-pilotée. Point besoin d’un sonneur de cloches suspendu à une corde ! On peut le regretter, mais c’est plus de la sonnerie « presse-bouton » que de l’art ou de l’artisanat, avec pour conséquence que le langage sonore des cloches est plus standardisé.

Il y a deux façons de sonner « à la volée » :

1/ le lancer franc : l’axe de rotation est plus haut que l’attache du battant, avec pour conséquence que le son est plus fort (c’est le cas de la grosse cloche de l’église de Gibecq).

2/ le lancer rétrograde : l’axe de rotation est plus bas que l’attache du battant, avec pour conséquence que le son est plus doux (c’est le cas de la petite cloche de l’église de Gibecq).

Historiquement, les cloches des églises étaient souvent parrainées par des individus fortunés ou influents de la communauté. Le parrainage était considéré comme un acte de générosité et de piété, et permettait de s’assurer que les cloches seraient bien entretenues avec les deniers du parrain ou de la marraine. Afin de les remercier de leur don, les parrains ou marraines étaient souvent honorés en ayant leur nom gravé sur la cloche. Il était également courant pour un prêtre de recevoir une cloche en cadeau, lors de sa prêtrise. Elle était souvent offerte par la famille ou par des membres de la communauté pour marquer l’importance de cet événement. Elle était, en général, bénie par l’évêque ou un autre prêtre de haut rang avant d’être remise au nouveau prêtre.

Les cloches étaient également souvent décorées avec des motifs tels que des croix, des fleurs, des animaux, des personnages bibliques, des inscriptions en latin ou d’autres symboles religieux.

La sonorité d’une cloche dépend de plusieurs facteurs tels que la forme de la cloche, le matériau utilisé pour la fabriquer, sa taille et son épaisseur. Les cloches en bronze produisent une sonorité de haute qualité, en raison de la résonance naturelle du métal. La sonorité d’une cloche dépend également de la manière (avec plus ou moins de force) et du matériau avec laquelle elle est frappée (la sonorité sera différente selon que le battant est en bois ou en métal).

Revenons aux cloches de l’église de Gibecq, et observons d’abord « la petite cloche », dont voici une photo de près :

On peut voir des motifs végétaux entrelacés (peut-être des vignes) sur la partie supérieure de la cloche. Ensuite, en relief, on peut lire le texte suivant : « Lors de ma bénédiction, je fus nommée Alexandrine Félicité, par mon parrain, Mtre Alexandre Vaucquez, curé de Gibecq, né au Grand Quévy, et par ma marraine, Melle Félicité Anders, domiciliée à Gibecq, née à Luxembourg. »

Comme on peut le voir gravé en lettres rouges sur une pierre de marbre blanc, se trouvant dans l’église, il y a eu un curé du nom de Waucquez à Gibecq, de l’an 1806 à l’an 1830 ; son prénom n’était toutefois pas Alexandre mais Ernest 

(y aurait-il eu une erreur sur le prénom, commise par la fonderie qui a fabriqué la cloche ?  ou le parrain de la cloche était-il un membre de la famille du curé Ernest  Waucquez, qui lui aurait, avec Félicité Anders, offert la cloche, à l’occasion de sa prêtrise ? – – – Mystère de l’histoire – – – !).

La cloche est également décorée d’une vierge à l’enfant.    

Enfin, en partie inférieure, on trouve les références de la fonderie : « Faite par N. Habert l’an 1810 ».

Nicolas Habert était un célèbre fondeur de cloches français, établi à Villedieu-les-Poêles, en Normandie, actif à la fin du 18ème siècle et au début du 19ème siècle. Il était réputé pour son travail de haute qualité, et a fondé de nombreuses cloches pour des églises, des cathédrales célèbres (dont Notre-Dame de Paris), et des monastères, en France et dans toute l’Europe.

En ce qui concerne « la grande cloche », on peut observer, en partie supérieure, des lignes obliques et parallèles, séparant des grappes de raisins. En dessous, le texte indique : « Mr Waucquez, curé de Gibecq, parrain – Dame Rosalie Lequinze, ex religieuse de Béliant, marraine ».

Le motif décoratif religieux est un Christ en croix. Le fondeur est Habert et Drouot 1820. La famille Habert s’était associée avec la famille Drouot, également renommée dans la fabrication de cloches et d’objets en métal, créant ainsi la fonderie Habert et Drouot.   En raison, principalement, de la concurrence croissante des fonderies étrangères et de l’essor des cloches en fonte, la fonderie Habert et Drouot a fermé ses portes en 1875, mais de nombreuses cloches de cette fonderie sont encore en activité et sont considérées comme des exemples remarquables de l’artisanat traditionnel français.

En ce qui concerne leurs mensurations et sonorité, la grande cloche a un diamètre de 82 cm, un poids estimé de 319 kg, et sa note est Si 1, et la petite cloche a un diamètre de 51 cm, un poids estimé de 75 kg, et sa note est Sol #2. La note Si 1 a, en l’espèce, une fréquence d’environ 972 Hz et un son légèrement plus grave que la note Sol #2, plus aiguë, et avec, en l’espèce, une fréquence d’environ 1686 Hz. Les 2 cloches sont en bronze et ont un battant en fer forgé.

Nous espérons que cet article vous a plu et vous a permis de découvrir une part du patrimoine de votre région, que vous ne connaissiez pas.

Membres de la Fabrique d’Eglise de Gibecq

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